dimanche 5 septembre 2021

Visite du Président de la République à Marseille : un sentiment amer

Emmanuel Macron était en visite à Marseille cette semaine, précédé par l’annonce d’un grand plan de soutien de l’État à la rénovation des écoles de la ville.

 

Une délégation du MPE13 a été reçue le 2 septembre par sa conseillère éducation. Nous lui avons exprimé les attentes des parents d’élèves concernant ce dossier que nous suivons depuis des années. Nous avons insisté sur l’urgence du chantier, son ampleur (174 écoles à réhabiliter) et son coût estimé (1,2 Mds d’euros). Nous avons défendu le besoin d’une intervention cohérente et forte de l’État, ainsi qu’un suivi régulier, pour garantir enfin aux enfants marseillais des conditions d’accueil dignes, comme la République les doit à ceux de tout le territoire national.

Pas d’engagement ni de calendrier ferme
Malheureusement, dans son discours le soir même, le président de la République n’a retenu comme prioritaire que la rénovation de cinq groupes scolaires des quartiers Nord (Malpassé-Les Oliviers (13e), Bouge (13e), Vayssière (14e), Aygalades-Oasis (15e) et Saint-André - La Castellane (16e)), via le Plan de relance et l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Financées à 90% par l’État, ces opérations étaient déjà actées depuis avril 2021. Aucune autre école à rénover n’a été identifiée, alors que le bâti scolaire dégradé touche tous les quartiers de la ville.

De plus, le président a annoncé, pour conduire ces opérations, la création d’une SPLA-IN (Société publique locale d'aménagement d'intérêt national). Cela pose problème car dans ce cadre, il n’y aura pas de concertation avec les acteurs de terrain, les orientations et les modes de financement (marché d’ouvrage public, marché global de performance, partenariat public-privé, etc.) étant décidés par l’Etat. Or, nous estimons que les acteurs locaux (urbanistes, architectes, usagers de l’école) doivent être associés aux projets de rénovation, et privilégions pour cela les marchés publics.

Mais surtout, si le président a évoqué des subventions et des avances remboursables de l’Etat, aucun engagement n’a été pris, à ce stade, sur le budget alloué par l’Etat à ce vaste chantier, sur son calendrier et sur les secteurs géographiques concernés.

Insécurité
Lors de notre rencontre avec sa conseillère, nous avons aussi fait part de nos inquiétudes quant à l’insécurité routière aux abords des établissements scolaires, et demandé le financement d’aménagements sécurisants et de renforts de présence policière pour faire cesser l’impunité des chauffards. Nous regrettons la proposition présidentielle d’installation de caméras, qui montrent quotidiennement leur inefficacité dissuasive dans le centre-ville aux abords des écoles déjà équipées.

Le bâti, mais pas que.
La situation du bâti scolaire marseillais est la partie la plus visible des conditions dégradées de scolarité de nos enfants. S’y ajoutent des déficits chroniques d’enseignants, de surveillants notamment sur le temps cantine, d’AESH et de personnel médico-social. Plus généralement, nous regrettons que l’Éducation n’ait pas bénéficié de la doctrine gouvernementale du « quoi qu’il en coûte », et que les plans de relance proposés pour l’École ne soient finalement formatés que pour servir directement les intérêts des secteurs du BTP et de la video-surveillance.

Enfin, l’annonce de la création d’écoles-laboratoire où un nouveau mode de gestion des ressources humaines serait expérimenté (directrices/eurs d’écoles recrutant “leurs” enseignants) montre une méconnaissance des réalités de terrain et traduit une vision managériale de l’école. Laissons les acteurs locaux de l’éducation publique, très motivés dans leur immense majorité, organiser l’accueil, l’enseignement et la pédagogie, et donnons-leur les moyens de le faire dignement.

En conclusion, la visite du chef de l’Etat, par ailleurs en pré-campagne électorale, nous a laissé un goût amer. Si le constat sur l’urgence d’agir est partagé, les moyens et les engagements pour y parvenir ne sont pas clairs. Le MPE13 continuera donc son combat pour améliorer la situation dans les établissements scolaires, et sera vigilant sur la suite qui sera donnée aux annonces présidentielles.